Bombus ruderatus

FR : Le bourdon des friches ; NL: Grote tuinhommel ; DE : Feldhummel

Author(s) : Morgane Folschweiller
Liste rouge européenne : LC ; Liste rouge de Belgique : CR ; Risque climatique : HHR

Description. Le bourdon des friches a les mêmes caractéristiques morpholo-giques que son plus proche parent, le bourdon des jardins (Bombus hortorum), notamment une très longue langue et une tête fortement allongée. Sa coloration ressemble étroitement à celle du bourdon des jardins. Sur une base de pelage noir, il présente une bande jaune au collare, une bande jaune au scutellare, ainsi que du pelage jaune au tergite 1 et à la base du tergite 2. Les tergites 4 et 5 (6 chez le mâle) ont le pelage blanc. L’examen de critères morphologiques et de la régularité du pelage (voir clé de Rasmont & Terzo, 2017) sont nécessaires pour valider, parfois avec peine, l’identification. La sous-espèce normalement présente dans la zone est la sous-espèce autumnalis (Fabricius), chez laquelle la coloration décrite s’accompagne de soies noires au niveau des corbeilles (rousses chez la sous-espèce ruderatus de la péninsule ibérique). Toutefois, on trouve de temps en temps dans la zone, des individus très sombres, presque tout noirs, qui rappellent fortement la sous-espèce perniger (Harris) d’Angleterre. Il est donc possible qu’il y ait des échanges génétiques avec les populations anglaises.
Distribution. Le bourdon des friches se trouve depuis le Haut Atlas au sud jusqu’au 65e parallèle au nord et depuis les îles Açores à l’ouest jusqu’à l’Oural à l’est. Il est présent dans toute la zone d’étude. Au début du XXe siècle, Ball (1914) le considérait comme étant presque aussi abondant que le bourdon des jardins (Bombus hortorum). Toutefois, il a régressé considéra-blement. À l’heure actuelle, on ne trouve plus que de très rares individus isolés, ici et là. Le nombre de ces spécimens observés récemment est trop bas pour qu’on puisse y trouver une logique géographique ou écologique.
Écologie. Le bourdon des friches est nettement moins lié à la forêt que son parent le bourdon des jardins. Il est trop rare chez nous pour pouvoir caractériser son milieu favori actuel. Dans le sud de la France, où il est nettement plus abondant, il fréquente surtout les pelouses sèches et les Causses, mais aussi les jardins irrigués de la région méditerranéenne.
Inquilinisme. L’espèce inquiline habituelle du bourdon des friches est le psithyre barbu (Bombus barbutellus).
Préférences florales. On n’a pas assez d’observations dans nos régions pour caractériser les préférences florales du bourdon des friches. En prenant en compte les observations du sud de la France et la littérature, on peut déduire que les femelles apprécient les Fabacées (Goulson et al., 2008) et notamment le trèfle des prés (Trifolium pratense), les Lamiacées, les Boraginacées et les Plantaginacées. Les mâles fréquentent surtout les chardons (Cardueae). Il est possible que le bourdon des friches soit moins opportuniste que le bourdon des jardins.
Statuts. L’effectif total de l’espèce est de 2 887 spécimens, soit 1,46 % de l’effectif total de bourdons de la région. Toutefois, ses populations ont très fortement régressé puisqu’il représentait 4,80 % des effectifs avant 1950. Il ne représentait plus que 0,04 % entre 1950 et 2000 et ne représente aujourd’hui plus que 0,01 % des effectifs. Cette régression considérable explique qu’il soit considéré en danger critique d’extinction (CR) dans la liste rouge des abeilles de Belgique (Drossart et al., 2019). A l’échelle européenne l’espèce n’est pas considérée comme menacée (LC) en raison de la relative bonne santé de ses populations méridionales (Nieto et al., 2014). Rasmont et al. (2015) décrivent cette espèce comme étant à très haut risque climatique à l’échéance de 2100 (HHR, « very high climate change risk »).

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